mercredi 28 avril 2010

Cent-soixante-treizième message :)


J'avais une rivière sur laquelle s'égrenaient des ponts basculants incongrus, un immense lac aux eaux paisibles, des livres et du calme.

Distraitement, je regardais les nouvelles qui me parvenaient de l'autre côté de l'Océan. Là-bas tout le monde s'affolait. L'éruption d'un volcan au nom imprononçable menaçait de ruine un continent. Des flottes entières d'avions étaient clouées au sol par la faute de minuscules particules. Des touristes, de ceux qui vous vantent sans cesse les bienfaits du voyage et de la découverte de l'autre, aventuriers au petit pied, angoissaient à l'idée de rester bloqués quelques jours dans des destinations qu'ils avaient pourtant choisies. Je contemplais cette agitation en prenant soin de ne pas être contaminée.

Moi, j'avais une rivière sur laquelle s'égrenaient des ponts basculants incongrus, un immense lac aux eaux paisibles, des livres et du calme...

vendredi 9 avril 2010

Cent-soixante-douzième message !


L'espace d'un moment que je situerai entre neuf et onze heures, Paris cesse d'être une ville ennuyeuse. Pourvu que le temps soit beau, elle sait offrir quelques charmes en proposant des terrasses.

Depuis deux ou trois jours, l'hiver a pris fin. Les plus hardies portent des sandales, tandis que les moins courageuses sont encore en bottes et écharpes. Si le temps se maintient, on verra sortir les premières jupes. Pour les hommes, c'est beaucoup plus simple : rien en change, ils ôtent juste une couche de vêtement et les voilà prêts pour le printemps.

Assise en terrasse tandis que les autres travaillent, je regarde les gens passer. Je ne pense à rien. Je ne sais pas où ma vie me conduira. Je me dis que j'ai le temps. Hier encore, on m'a dit que je faisais au moins sept ou huit ans de moins que mon âge.

Je réfléchirai à des choses sérieuses dans six ou sept ans, quand j'aurai vraiment l'impression d'avoir l'âge que j'ai aujourd'hui. Discrètement, je sors un poudrier et je regarde le coin de mes yeux dans le petit miroir. Je suis toujours surprise de mon air juvénile. Aucune patte d'oie ou même plus petite ride ne vient altérer mon visage.

Je suis jeune, je ne pense à rien. Aucune pensée parasite ne viendra mettre à mal ma cervelle d'oiseau. Je regarde juste les gens passer. Je suis bien. Miroir mon beau miroir ...

lundi 5 avril 2010

Cent-soixante-et-onzième message !


Entre deux déplacements, je viens ici pour vous souhaiter de joyeuses Pâques. Le responsable de ce blog, ne m'en voudra certainement pas de lui avoir soustrait frauduleusement ce montage afin d'illustrer mon mince article.

Que vous dire de plus ? Je n'en sais rien. J'étais loin de la France et elle me manquait. A vrai dire, ce qui me manquait c'était une France totalement fantasmée. J'ai eu des réminiscences de petites brasseries enfumées, de bar en zinc, de petits noirs avalés rapidement le matin.

Et puis, je me suis souvenue que tout cela n'était plus. Ne sont restées en moi que des images de quartiers déserts aux cafés vides dès vingt et une heures, des impressions de personnes vulgaires et querelleuses, des souvenirs d'une belle ville figée et ennuyeuse encombrée de couloirs de bus et de pistes cyclables.

Comme la mélancolie m'envahissait, j'ai fait le point, comme on le ferait en photographie. J'ai d'abord fait le vide en moi. Puis, je me suis imaginée assise à mon bureau. A droite, j'apercevais le dôme des Invalides tandis qu'à gauche, je distinguais le sommet de la Tour Eiffel.

Une fois campé ce décor immuable que je connais si bien, j'ai peuplé les rues de gens aimables qui me ressemblaient. Certains marchaient, ou s'arrêtaient pour parler tandis que d'autres étaient assis aux terrasses des cafés. Dans la rue et sur l'avenue, passaient en trombe des voitures.

C'était la vie, la vraie, celle d'avant. J'ai songé à tout cela et j'étais bien. Une fois la scène parfaitement à mon goût, j'ai déclenché l'appareil photo. Puis la photographie étant prise, j'ai pris soin d'inscrire en bas, en tout petit "libre interprétation de l'artiste".