lundi 16 août 2010

Numéro 192


Le vol s'est bien passé et j'adore les petites tables rouges qu'ils ont mises sur Broadway. Mes fenêtres donnent sur Times Square. J'ai hésité avec un autre hôtel donnant sur Colombus Circle d'où j'aurais vu Central Park. Puis j'ai opté pour celui-ci.

La Grosse Pomme (quel surnom idiot) est une destination prisée des français. On entend la langue de Molière à tous les coins de rue. C'est amusant et cela fait un peu peur. J'espère que la suite logique ne sera pas l'importation d'un Delanoë.

Quelle énergie, quelle ferveur, quelle ... Il n'y a pas de mots pour qualifier Manhattan et je suis sous le charme même au bout de vingt fois. J'imagine que Paris à l'époque des Grands Boulevards devait être aussi passionnante.

J'ai retrouvé des amis, je suis sortie, j'ai parlé, j'ai un peu oublié. Je vois Mamma mia pour la quatrième fois au Winter Garden Theater. J'adore toujours même si ce n'était plus la même chose. je sors un peu hagarde et nous allons diner.

Il me faut tous les mégawatts des panneaux lumineux de Times Square pour ne pas sombrer. Je fais ma luminothérapie toute seule !

Et je n'ai toujours pas de nouvelles ! Je survivrai.

mercredi 11 août 2010

Numéro 191 !


Toute cette histoire ne passe pas. Les affres de la dépression font des dégâts sur moi. Je pourrais bien sur entrer dans la première pharmacie venue et demander des antidépresseurs. Je n'aurais qu'à donner ma carte. On ne me poserait aucune question. De retour chez moi, je prendrais ma petite pilule du bonheur et j'attendrais que mon taux de sérotonine soit enfin régulé.

Plutôt mourir que de s'accepter ainsi vaincue et s'en remettre à la chimie. Assise à la terrasse d'un café, je me remets à penser à tous les coups durs que j'aie pu connaitre. Décès et déception, j'en dresse la liste ! Et chaque fois, je repense à tout cela. Et chaque fois je me dis que je m'en suis sortie.

Je songe aussi que les vacances ne me sont pas propices et qu'il aurait mieux valu que je travaille pour m'oublier. Stendhal disait qu'entre le malheur et nous, il faudrait parfois la douleur d'un bras cassé. Je trouve qu'il a raison. Je regarde ma cheville droite. Elle semble si fragile. Je rêve d'une marche ratée, d'une grille dans laquelle mon talon se coincerait, et de la douleur fulgurante qui me ferait tout oublier.

Ce n'est pas du masochisme mais du bon sens. Si vous avez mal au bras, tapez vous la tête contre les murs et bientôt votre nouvelle douleur vous fera oublier la première.

Oui, on fait ce que l'on peut. Je suis décidément meilleure avec les autres qu'avec moi-même. Les cordonniers sont les plus mal chaussés. Je ne fais pas exception.

Demain je réserve un vol et m'en vais. Je voudrais vérifier si Sénèque avait raison ou si ce n'était qu'un vieux birbe imbu de lui-même.

samedi 7 août 2010

Article 190 :(


Nous sommes le 7 août et je traine comme une âme en peine. En vacances depuis quelques jours, je vis comme un zombie. Ce que je cache aux quelques personnes qui n'ont pas quitté Paris et pourraient me croiser. Faire bonne figure fait partie de mon éducation.

Cette année, ce seront des vacances sans vacances ni nouvelles. Dix fois par jour, je regarde mon téléphone mais rien. Je suis seule et abandonnée aussi utile qu'un paquet vide de mouchoirs en papiers.

Je connais absolument tous les symptômes de la dépression et je les vois fleurir avec ravissement sur moi ! Humeur triste et perte de l'élan vital éclosent en mon âme comme de grandes fleurs brunes. Je souris mais je n'ai pas envie.

Ce matin, en passant dans une rue de Paris, j'ai vu qu'un bel immeuble hausmannien était en complète rénovation. Les façades conservées restaient splendides mais l'intérieur était saccagé. Mon sens de l'à-propos m'a fait dire que j'étais comme cet immeuble. J'attends juste qu'on me réhabilite.

Je me surprends à me dire que je suis idiote. Souvent j'ai eu l'impression de la tenir à bout de bras pour ne pas qu'elle s'écroule. Aujourd'hui on rééquilibre. Je suis infiniment triste et elle est infiniment heureuse.

Je me croyais plus forte et je la croyais moins forte. La Fontaine que j'avais lu toute petite m'était sorti de la tête. Le roseau est bien plus résistant que le chêne.