jeudi 6 décembre 2007

Vingt-sixième message !


Prenant ma voiture, je suis retournée voir mon Caporal et sa soeur. La maudite administration n'est toujours pas revenue. Je suppose qu'ils ont d'autres chats à fouetter en cette période de préparation des fêtes de fin d'année.

La tombe est toujours aussi bien entretenue et le buis semble se porter à merveille. Mes hypothétiques lecteurs me trouveront sans doute parfaitement idiote, mais j'étais ravie. Certains sauvent les espèces en danger tandis que d'autres rêvent de sauver une Terre qui ne leur a rien demandé et leur survivra.

Moi, je sauve un petit caporal et sa sœur de l'oubli. Je devrais sans doute coucher par écrit ce que j'ai fait et enregistrer le document chez mon notaire. Sur l'enveloppe, je mettrais "A n'ouvrir qu'après ma mort". A l'intérieur figureraient mes dernières volontés. J'expliquerais ainsi à mon filleul préféré que s'il guigne mon superbe appartement alors il devra se résoudre, au moins une fois l'an à entretenir et fleurir cette tombe.

J'imagine sa tête en lisant cela. Nous n'avons que dix ans de différence mais à nos âges respectifs, c'est énorme. Je sais qu'il m'apprécie tout en me jugeant parfois étonnante. Il loue autant mon sérieux et mon côté maternel que ma totale liberté et mes aspects un peu baroques.

Je repensais à cette tombe et je me demandais à qui je pourrais expliquer cette curieuse démarche. Je pense qu'il n'y a que lui. Tiens, je promets de lui en parler la prochaine fois que nous nous verrons. Par contre, je me connais, et je ne suis pas sure de pouvoir communiquer habilement les raisons qui m'ont poussées à faire cela.

Je crois que j'aurais bien trop peur, soit de montrer l'étendue de ma sensibilité, soit encore de passer pour une lectrice moyenne de collection Harlequin ! J'aurais l'impression d'être l'héroïne d'un opus intitulé "La maîtresse du petit Caporal". Après tout, je vais me risquer. Sébastien Japrisot ne l'a-t-il pas fait lorsqu'il écrivit "un long dimanche de fiancaïlles" ?

Ce que Japrisot ne fait que rêver, moi je le vis, c'est notre différence. Allez, j'en parlerai à mon filleul. Je pense que cela va m'amuser.

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