Parfois, je me surprends moi-même. Moi la princesse indolente, voici que je publie texte sur texte sur mon cher blog. On finirait presque par croire que je ne suis préoccupée que par mi-même. Et pire, que je nourris un tel amour pour ma petite personne que je tente d'imposer ma vie et mes états d'âme à d'éventuels lecteurs.
Et pourtant, il n'y a pas plus discrète ni réservée que moi. Par un coup du sort funeste, Dieu m'a faite blonde aux yeux bleus, sans quoi j'aurais été aussi anonyme qu'une petite souris. J'aime d'ailleurs l'anonymat et la discrétion. Et les rares fois où je m'impose, c'est toujours pour faire valoir mes idées plutôt que ma petite personne.
La discrétion et le respect de la vie privée sont d'ailleurs des qualités que je loue au plus haut point. Quand les gens se confient à moi, je ne leur pose pas de questions. Ils me disent ce qu'ils veulent. Les potins ne m'intéressent guère. J'ai toujours pensé que si les gens ne souhaitaient pas s'étendre c'est qu'ils avaient de bonnes raisons. Et puis, je suis assez intuitive et sensitive pour deviner ce que l'on ne me dit pas.
Moi-même je mène une vie retirée qui me mène dans quatre arrondissements parisiens dont je ne sors guère. Ma Thébaïde où je vis en ermite me convient. J'y amène qui je veux et j'en exclus qui je souhaite. Si j'aime les grandes villes c'est pour l'anonymat qu'elles procurent. Je vois toujours d'un mauvais œil des initiatives telles que la fête de voisins ou des expressions telles que "vie de quartier".
J'ai toujours déteste les gens qui cherchent à en savoir plus. Je les trouve absolument impolis et incommodant à l'extrême. Ils me font penser à ces concierges qui tentent de savoir d'où vient le courrier qu'on leur confie et ce que contiennent les paquets qu'on dépose dans leur loge. L'indiscrétion est vulgaire et témoigne d'un irrespect total pour autrui. Je vais chaque semaine chez le même coiffeur mais je crois bien que depuis dix ans que je fréquente cet endroit, on n'y connait rien de plus que mes prénoms et noms.
C'est un vice de petites gens qui ne savent pas se contenter de leur vie médiocre mais aiment à lorgner par les trous de serrure en espérant toujours surprendre quelque honteux secret. C'est parfois aussi une vilaine manie qui nait de l'ennui. Quelque chose que l'on retrouve chez les ménagères déprimées en mal d'occupations plus constructives.
Je crois pouvoir tout pardonner sauf l'indiscrétion. Mais je pense aussi que j'ai tellement bon fond que je finis toujours par pardonner. Je devrais être plus ferme mais je ne sais pas.
A trente-trois ans, je suis trop vieille pour changer. Mais j'ai tout de même réussi à faire un texte sur l'indiscrétion en restant discrète.
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