vendredi 2 novembre 2007

Dix-neuvième message !


Aujourd'hui c'est le deux novembre, lendemain de la Toussaint et jour des morts. J'ai acheté des chrysanthèmes et je suis allée au cimetière comme chaque année. Je constate que la plupart des tombes sont fleuries.

Toutefois, je suis pessimiste et ne sais si après nous, les autres viendront honorer les morts. Cela m'inquiète. Il y a beau avoir écrit "les morts avec les morts et les vivants avec les vivants" dans la bible ( ), je suis heureuse que nos chers disparus bénéficient d'un jour ou l'on puisse penser à eux.

On me rétorquera que l'on peut penser à eux tous les jours et je n'y manque pas. Toutefois, penser n'est rien ou presque rien, même si c'est important. Par contre, aller acheter ses fleurs, prendre le temps de se rendre au cimetière, se recueillir, donner du temps, c'est beaucoup plus. C'est introduire une rupture réelle dans notre emploi du temps pour se consacrer uniquement et entièrement à eux.

Et puis, face à une tombe, l'attitude n'est pas la même que lorsque l'on pense à un disparu tout en vaquant à ses occupations. C'est solennel et cela nous permet, l'espace d'un instant de nous interroger sur notre propre Salut.

Alors quand j'y vais chaque année, je prie, me recueille, et m'interroge sans pour autant être forcément triste. La mort n'est rien, j'essaie ainsi de m'en persuader en me disant que tous ceux qui m'ont quittée, je les retrouverai quand viendra mon heure. Par contre, je ne sais pas si l'on viendra fleurir ma tombe. Mais est-ce important ?

L'espace d'un moment, moi, Anna, la futile, la fille aux cent paires de chaussures, la précieuse, la petite princesse parfois horripilante, je me souviens que je finirai comme eux. C'est un vrai plaisir que d'y songer. Non que je sois morbide, mais simplement parce que cela remet les idées en place, au moins l'espace d'un instant.

Se promener dans les cimetières m'est salutaire. Cela permet de distinguer l'essentiel de l'accessoire. C'est, avec la fortune, ce qui doit me différencier de Paris Hilton ! Mais pour tous ceux qui, venus me lire, me trouveraient bien sombre, autant finir sur une note d'optimisme grave et belle. Pour ce faire, et penser aux morts sans pleurer, je vous propose ce sublime texte que j'ai pillé sur un blog que j'apprécie :


L'amour ne disparaît jamais

L'amour ne disparaît jamais, la mort n'est rien.
Je suis seulement passé(e) dans la pièce à côté.
Je suis moi, tu es toi.

Ce que nous étions l'un pour l'autre nous le sommes toujours. Donne-moi le nom que tu m'as toujours donné.

Parle-moi comme tu l'as toujours fait.
N'emploie pas un ton différent, ne prends pas un air solennel ou triste.

Continue à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
Prie, souris, pense à moi.
Prie pour moi.

Que mon nom soit prononcé à la maison
comme il l'a toujours été,
sans emphase d'aucune sorte,
sans une trace d'ombre.

La vie signifie tout ce qu'elle a toujours signifié.
Elle est ce qu'elle a toujours été.
Le fil n'est pas coupé.

Pourquoi serais-je hors de ta pensée ?
Simplement parce que je suis hors de ta vie ?

Je t'attends, je ne suis pas loin,
Juste de l'autre côté du chemin.
Tu vois, tout est bien.

Chanoine Henry Scott Holland (1847-1918),
traduit et adapté par Charles Péguy (1873-1914)

C'est terrible, j'avais beau promettre une note d'optimisme, je ne peux le lire sans pleurer ! Hystérique ou trop sensible, seule l'avancée de la psychopathologie ou l'autopsie permettra de me connaitre.


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