dimanche 18 janvier 2009

Cent-trente troisième message.


Plus de folies, la chronologie reprend son cours. Le cent-trente-troisième message que vous attendiez tous est là.

Aujourd'hui, je serai mystique. J'ai pu passer pour une demoiselle légère et hors du monde. Mais, je ne suis pas que cela. Marcher, solitaire, dans les avenues désertes de mon cher arrondissement en rêvassant et en entendant mes talons claquer, ne suffit pas à remplir ma vie.

Si je parais ainsi hors du monde, c'est parce que je pense au salut de mon âme. Brebis souvent égarée d'un troupeau qui ne me plait pas toujours, je confesse que j'appartiens tout de même à notre Sainte Église Catholique Apostolique et Romaine. Je ne suis pourtant ni bigote et encore moins calotinne. Tout ce qui porte mitre ou soutane, ne justifie pas forcément mon respect.

Voici quelques jours, j'ai rendu visite à mon dentiste pour une visite de contrôle annuelle. Il m'a dit que je n'avais rien et m'a assuré que j'avais de très jolies dents. Le compliment était hors de propos puisque je connais depuis longtemps la magie de mon sourire. Généralement, un seul de mes sourires suffit à déjouer toute amorce de conflit et à ranger les gens de mon côté.

Il se trouve que j'ai patienté un peu plus d'une demie-heure dans la salle d'attente de mon dentiste. Celui-ci, sans doute mû par l'argent fou qu'il gagne, et qu'il faut bien investir, se pique de s'intéresser à l'économie. C'est ainsi qu'au voisinage de divers magazines féminins et autres hebdomadaires, j'avise un numéro de Capital, qui traîne là.

Tournant les pages nonchalamment de mes jolis doigts manucurés, je survole successivement un article traitant de l'effondrement de l'audimat de TF1 puis un autre parlant de la prochaine révolution Internet.

C'est alors que mes yeux tombent sur un article révoltant en page 82, intitulé "Mon Dieu ! Que font-ils de nos églises?". J'apprends donc - dixit le journaliste- que : " Les lieux de culte n'ont pas attendu les subprimes pour connaître la crise. Cela fait des lustres que la fréquentation des fidèles s'amenuise. Alors, faute de ressources, des églises doivent être vendues et transformées en supermarchés ou en boîtes de nuit".

Je parcours l'article en diagonale et ce que je lis me désole. Mais plus encore, ce sont les photos qui me heurtent. A Nantes, il s'agit d'une chapelle transformée en restaurant. Bon, il y a pire. Après tout, je connais des abbayes qui font de jolis hôtels. Ne soyons pas plus royalistes que le Roi. Après tout, s'il s'agit de valoriser un patrimoine laissé à l'abandon, un hôtel n'est pas la pire des choses.

Le pire vient après puisque je contemple l'église de Heldmond, aux Pays-Bas, transformée en supermarché. Le chœur s'orne de rayonnages offrant des produits aux consommateurs. Puis, retour à Nantes où un projet immobilier a transformé une chapelle jésuite en logement de luxe. Il s'agirait d'un loft vendu à prix d'or. Les gens ne respectent-ils donc plus rien ?

Enfin, le pire survient en bas de la page de droite, puisque c'est à Milan, que la chapelle San Giuseppe della Pace est devenue une discothèque techno, accueillant aussi le Gattopardo Café (illustration ci-dessus).

Je suis songeuse. J'ai beau avoir mes jolis pieds sur terre, j'ai peut-être trop souvent la tête dans les nuages. D'un seul coup, je trouve que le "prince de ce monde" marque décidément trop de points. Je songe alors à un lien que m'avait donné une amie. La lecture de ce qui y était révélé m'avait marqué. Je suis vraiment troublée par la concordance entre ce qui était annoncé sur ce lien et ce que je viens de lire dans ce magazine économique.

La fin des temps serait-elle proche ? Perdue dans mes réflexions, le réel ne tarde pas à surgir lorsqu'une voix m'annonce enfin : "Mademoiselle, c'est à vous".

Que peut devenir un monde dans lequel on transforme des chapelles en discothèque et où un dentiste fait attendre une princesse ?

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