vendredi 18 janvier 2008

Trente-neuvième message !


Tout le monde sait que je voue une passion immodérée aux chaussures. Je suis même forcée de virer les commentaires nombreux de ceux qui viennent ici, uniquement parce qu'ils sont persuadés d'être sur un quelconque site fétichiste, sur lequel une domina ou maitresse quelconque se laisserait aller à l'adoration de ses pieds.

Est-ce vrai que l'on n'est jamais trahi que par ceux que l'on aime ? Je n'en sais rien mais cela semble vrai voire évident. Quelqu'un que l'on n'aime pas, ou au mieux dont on se moque, pourrait-il nous trahir ? Non bien sûr !

C'est ainsi que le dimanche 13 janvier, séjournant en province pour la journée, j'ai été trahie par mes talons aiguille. Me prenant l'un d'eux dans une grille, je suis lourdement tombée. Quand je dis lourdement, il faut imaginer la chute d'une demoiselle de quarante-cinq kilos ! Cela n'a rien d'un séisme. Les immeubles n'ont pas tremblés, et l'Ecole militaire est toujours debout. Les seuls dégâts occasionnés par cette chute, auront été ma fierté et ma cheville droite.

J'ai très nettement entendu un crac. C'est un bruit net qui fait peur. Affalée par terre, je sens la douleur se diffuser. Je ne bouge plus sous peine de défaillir. L'ami qui m'accompagne téléphone immédiatement aux pompiers qui viendront en peu de temps me secourir. Cela me donne l'occasion de ne pas regrettrer les vingt euros que je leurs ai donnés pour leur calendrier. Si jamais un investissement fut productif, c'est bien celui-ci. Plutôt que de mourir de froid, seule et abandonnée de tous, c'est dans un camion rouge rutilant qu'on me conduisit à l'hôpital.

Je passe bien entendu les détails de l'histoire. La douleur, la morphine qui me fait proférer des bêtises énormes, les radios et examens divers. Je souffre d'une double entorse avec arrachement osseux ainsi que d'une fracture du tibia et du péroné sans déplacement. L'opération est envisagée. Ayant retrouvé mes esprits, je m'oppose catégoriquement à ce que l'on me charcute. Après quelques atermoiements et parce qu'il n'y a pas de déplacement, on me propose un plâtre. On me prévient que cela risque d'être long, ce dont je me moque. Toutefois, il est décidé de me garder quelques jours hospitalisée "en observation".

Je sortirai donc quatre jours après, le teint blême, presqu'aussi blanche que le plâtre immense qui orne ma jambe droite pour six semaines. Par la suite, d'autres radios seront effectuées. Douée naturellement pour les béquilles que je pratique depuis l'âge de quinze ans, je ne m'en sors pas trop mal. J'ai immédiatement été rapatriée dans notre bonne vieille ville de Paris.

Bien entendu, tout ceci s'accompagne d'un arrêt de travail qui sera sans doute prorogé. C'est la raison pour laquelle, j'ai décidé de me remettre à mon blog que j'avais lâchement abandonné en novembre dernier.

Remontant le temps, à défaut de pouvoir monter un étage par les escaliers, j'ai décidé de publier les messages que j'avais laissés sous forme de brouillons. Je suis devenue par la force des choses une blogueuse émérite. Maintenant, une question se pose. Dois-je accepter les dédicaces sur mon joli plâtre telle une collégienne bébête ou bien, maintenant que je suis une femme, dois-je les refuser au nom de la bienséance ? Voilà un cas de conscience qui devrait mobiliser le cerveau de la handicapée que je suis devenue.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Tout s'explique ! J'avais decouvert votre blog il y a quelques jours, qui s'arretait au 30eme message.

Je reviens voir aujourdhui, je clique "refresh", et pof, toute une avalanche de billets ! Je me suis demande comment j'avais rate tout ca, et si je ne perdais pas la tete.

Maintenant je sais.

Bon courage pour votre jambe, le moins qu'on puisse dire c'est que vous ne faites pas les choses a moitie !

Comme quoi la province, c'est bien plus dangereux que les villes.

Anonyme a dit…

le festival de(s) Cannes avant l'heure?

totof, abonné au Canard Enchaîné

philippe psy a dit…

Super joli plâtre ! Je vous l'aurais bien décoré. Mais j'ai une femme jalouse et puis, je dois avouer que je ne suis pas très manuel.

Petit déjà, à la maternelle, j'avais de gros problèmes avec la peinture, je m'en fichais partout.

Par contre j'écris comme un Dieu. Alors, je l'aurais bien dédicacé ce plâtre. Mais comme je vous le disais, ma femme est jalouse. Et puis, je ne vous connais pas assez, vous êtes peut-être âpre au gain. Vous seriez fichue de vendre votre plâtre aux enchères quand on vous l'ôtera !

Anonyme a dit…

Vous qui adorez les sandales, vous pourrez profiter des orteils nus au bout du plâtre !

Anonyme a dit…

Chapeu pour l'autodérision...c'est une forme d'humour, qui devientrare, je trouve.

Anonyme a dit…

"Les immeubles n'ont pas tremblés"
Le s est de trop, chère Anne...
Mais quel style ravissant et rafraîchissant ! Je viens de lire des pages et des pages de votre blog (que je découvre), et je sais déjà que je ne m'en lasserai pas de sitôt.