jeudi 20 mars 2008

Soixante-quinzième message !


Tout va trop vite ! Je ne suis rentrée qu'hier tard dans la nuit. Une grasse matinée et quelques heures à ne rien faire et me revoici sur mon blog que je n'avais pas oublié. Une de mes amies m'a proposé de partir quelques jours à Dinard avec elle. C'est vraiment une ville charmante que je connais bien. Même si certains objecteront que ce n'est pas la meilleure saison pour y aller, je pense le contraire.

Dinard est très agréable quelle que soit la saison et même peut-être plus en hiver, quand il n'y a plus de touristes mais des connaisseurs qui retrouvent leurs habitudes. Mon amie me servant de garde-malade j'ai eu le loisir de passer une bien agréable semaine. Pas d'enfants et aucun soucis pour me désobliger. Tout n'y est que luxe calme et volupté et cela me satisfait : la parfaite vie de princesse au petit pois.

Arriver dans une maison fermée depuis trois mois, rouvrir les volets, ôter quelques housses, se promener dans les pièces vides et silencieuses, augmenter le rendement de la chaudière asthmatique sont des actes qui me ravissent. Même si bien sur j'ai fait sous-traiter une certaine partie de ces activités par mon amie pour cause de fractures.

Ainsi loin du monde, n'ayant ni télévision, ni connection internet, je n'ai eu comme loisirs que quelques balades, des sorties au restaurant, lire une foule d'ouvrages que j'avais emmenés, contempler la mer absorbée par mes réflexions et bien sûr des discussions avec mon amie. Il se pourrait que je sois aussi allée au casino mais cela vous n'en saurez rien. Je suis bien trop réservée pour étaler mes vices ici.

De retour à Paris, je ne peux pas dire que les soucis recommencent puisqu'à vrai dire je n'ai pas de soucis particuliers si ce n'est ma jambe plâtrée qui ne me dérange pas plus que cela, puisque je suis très très douée en béquilles et donc parfaitement autonome. Non, je sens simplement que je redeviens agressée par des nouvelles qui ne m'intéressent pas. Ma sensibilité est agacée par mille et une petites informations qu'on m'assène alors que je n'en ai que faire. Et impossible d'y échapper. Où que je sois, l'information s'impose. Ce sera les manchettes des journaux exposés devant un kiosque, la page de garde de yahoo et les lectures des blogs que je n'avais plus lus depuis quelques jours.

J'apprends ainsi que le maire de l'arrondissement est Rachida Dati. Pourquoi pas ? Je ne m'en soucie plus depuis que j'ai décidé de ne plus voter comme l'ont fait environ quarante-quatre pour cent des électeurs de l'arrondissement. Je pourrais polémiquer longtemps sur la bêtise des électeurs. Notamment, sur celle des grands bourgeois et des aristocrates peuplant le quartier, mais je n'en ferai rien. Si je n'ai pas envie de féliciter Rachida Dati pour son élection, je veux tout de même la complimenter pour son courage et je suis sincère.

Il fallait oser en tant que femme issue de l'immigration, musulmane et issue d'une cité se présenter ici. La plupart n'auraient jamais osé, elle si. Comme dit le proverbe : "le monde n'appartient pas aux capables mais à ceux qui osent".

J'ai le souvenir d'un ami qui souhaitait quitter son quinzième arrondissement et dont le rêve était de vivre dans le huitième. Quand je lui avais dit que le septième était aussi très agréable, il m'avait rétorqué que c'était vrai mais qu'il ne se sentirait pas à l'aise au milieu de Villiéristes (électeurs de Philippe de Villiers) calotins et obtus. Et pan sur mon bec !

J'en étais restée coite, totalement sans voix. Comment, nous aurions donc la réputation d'être un arrondissement peuplé de bigots, refermés sur eux-mêmes et peu ouverts aux autres ?! Cette réputation n'était peut-être pas usurpée voici encore vingt ans mais elle n'a plus lieu d'être. Si cet ami me reparle en ces termes de l'arrondissement, je pourrais maintenant lui répondre :"Zyva, on a Rachida comme maire !".

Nous voici à présent nantis d'un certificat de citoyenneté à toute épreuve. Je quitte l'univers vicié des salauds de possédants pour entrer dans celui plus feutré des gens ouverts à la mixité sociale et à la discrimination positive . Me voici enfin nantie d'un brevet de citoyenne à part entière. Ne me reste plus qu'à troquer mes vêtements un peu trop classiques contre un baggy et un sweat-shirt à capuche. Ce sera mon programme pour la semaine prochaine.

Celle d'après, je tenterai le tatouage dans le creux des reins. C'est d'une vulgarité absolue mais il faut ce qu'il faut. J'hésite encore entre un joli papillon, un dauphin mutin, à moins que je ne choisisse finalement un idéogramme chinois à la signification ésotérique : c'est très tendance aussi les idéogrammes. Ceci dit un kenji ferait aussi l'affaire. Je me sens d'humeur à briser tous les codes culturels, à saisir à bras le corps tous les tabous pour les réduire en poussière. S'il faut échanger mes jolies sandales à talons aiguille contre une paire de Nike, je le ferai aussi. Cela m'arrachera le coeur, mais ma conversion est à ce prix.

Sinon, l'autre nouvelle terrible dont je n'avais pas entendu parler, est l'affaire Chantal Sebire. J'avais bien cru apercevoir un soir sur le téléviseur d'un café un visage curieux mais je ne m'en étais pas souciée. A vrai dire, j'ai même du imaginer qu'il s'agissait d'une énième rediffusion d'Elephant man, un film que j'ai déjà vu et que je trouve très triste. Ne voyez dans cette réflexion aucune pensée méchante mais plutôt l'expression sincère de la petite blonde navrante que je suis.

Si j'étais restée à Paris, en ayant connaissance d'une telle tragédie, j'imagine que bavarde et oiseuse comme je suis, j'aurais forcément trouvé quelque chose à écrire sur cette passionnante affaire. Ayant lu mes blogs préférés, je constate que tous y sont allés de leur clavier. Je suis bien la seule à ne pas avoir jeté mes pensées à la face de la blogosphère enthousiaste. Hélas, tandis que la France bruissait de cette affaire, je n'étais dérangée que par le ressac de la Manche. Son cancer m'aura prise de vitesse puisqu'à peine rentrée, j'apprends qu'elle est décédée.

Fort heureusement, ayant vu quelques images lors d'un reportage, j'ai constaté que des scellés avaient été apposés sur la porte de l'appartement dans lequel on a retrouvé cette pauvre femme. L'affaire connait donc un rebondissement. J'arrive tard sur le coup mais pas trop tard peut être ! Je suis ardemment l'enquête. Je ne veux pas être celle qui n'aura rien dit.

Toutefois, je me tâte encore. Devrai-je hurler avec les loups en militant pour le suicide assisté. Après tout, il y a des arguments pour. De quel droit l'état tout puissant s'arroge-t-il le pouvoir de nous interdire de choisir le moment de notre mort ? Ceux qui objecteront qu'il y a des raisons d'ordre moral derrière ce choix pourraient ne pas être les bienvenus. Je pourrais leur répondre que je trouve intolérable qu'ils m'imposent leurs principes moraux.

En revanche, je pourrais aussi défendre le droit de mourir dans la dignité pourvu que cela s'effectue dans le respect de la vie. Auquel cas, je répondrais à tous les défenseurs du suicide assisté, qu'il existe de nos jours des services de soins palliatifs prêts à accueillir les malades dans la détresse. J'argumenterai qu'une société doit certes abréger les souffrances mais en aucun cas proposer de donner la mort.

En vérité, je ne saurais pas quel parti choisir. Il y a du pour et du contre dirai-je. Je ne sais pas à quel camp adhérer, quelle thèse défendre même si mes sympathies vont vers les catholiques. Ceci dit ayant déjà défendu auparavant ici-même le droit à l'avortement, suis je encore en droit de me réclamer de ce camp si strict ? N'ai-je pas perdu définitivement ma place à la droite du Père ? Qu'aurais-je fait si j'avais été à la place de cette dame ? Si, moi ordinairement si coquette, passant des heures à me maquiller, me coiffer, me regarder dans mon miroir et ma psyché, j'avais du voir mon joli minois s'enlaidir ainsi ? Il me semble en plus avoir lu naguère une phrase expliquant qu'il ne fallait pas juger sous peine d'être jugé !

J'en viens presque à regretter le temps béni où les femmes ne se préoccupaient pas de ce genre de débats. Confinées dans nos cuisines ou nos boudoirs, selon nos rangs ou nos fortunes, nous avions des conversations plus sereines.

Ceci étant dit, il me semble que finalement, moi aussi j'ai réussi à écrire quelque chose sur l'affaire Chantal Sebire. Qu'elle repose en paix.

1 commentaire:

philippe psy a dit…

Très joli message. Très adroit ;)