jeudi 11 octobre 2007

Onzième message.


Ce matin j'avais mal. La cheville, le genoux et la hanche droits me lançaient. Je sais que cela fait drôle d'écrire "hanche droit", mais le masculin domine. J'ai bien pensé à mettre "genoux" à la fin, mais cela faisait bizarre. J'ai préféré écrire : cheville, genoux et hanche. C'est dans l'ordre.

Si j'avais écrit cheville, hanche puis genoux, on aurait pu en déduire que ma jambe droite était étrange. Donc, cheville et hanche disparaissent au profit du genoux. Et tout devient droit plutôt que droite. Peu importe que deux mots soient féminins. Il suffit qu'un masculin pointe son nez pour qu'il s'impose. Je m'en fiche, je ne suis pas féministe.

Le temps était très frais. Quand mes vieilles douleurs se réveillent, c'est que le temps change. Cela ne trompe jamais. J'ai su immédiatement que l'automne était là. Habituellement, je marche avec une béquille. Aujourd'hui, j'ai pris les deux. Je suis un baromètre ambulant. J'ai pris des antalgiques. Cela me rendait de mauvaise humeur et je grommelais toute seule. Tiens, "grommeler", voilà un verbe que l'on emploie rarement. Il signifie que je murmurais toute seule pour manifester mon mécontentement.

J'ai fait contre mauvaise fortune bon coeur, et je suis allée travailler. En claudiquant soutenue par mes béquilles, je continuais à grommeler. Dans le bus, j'ai exigé qu'une grosse femme se lève pour me céder un emplacement réservé. J'ai été polie mais ferme. Cela l'ennuyait visiblement. Elle regardait autour d'elle, pour voir qui occupait les places "réservées". Peine perdue, c'est elle qui méritait le moins d'être à cette place. Je lui ai fait mon plus joli sourire, faisant mine de m'excuser de la déranger. J'ai joué ma gentille Cosette toute malheureuse et désolée. Vaincue par les regards outrés des passagers, elle m'a cédé sa place. Une fois assise, j'affichais un sourire éclatant.

J'ai travaillé sérieusement. Cela a tenu en respect la douleur. Les antalgiques ont fait effet. Puis, j'ai déjeuné avec une amie en terrasse. Elle me disait que c'était agréable cet été indien. Moi, je trouvais qu'il y avait simplement un rayon de soleil. L'été indien, c'est autre chose qu'un pâle rayon de soleil automnal. J'avais même froid aux pieds.

L’été indien est une période de temps ensoleillé et radouci, venant après les premières gelées de l’automne, juste avant l’hiver. L'été indien apparaît à la fin du mois d'octobre ou vers le début du mois de novembre. Donc, c'est trop tôt pour l'été indien. C'est aussi bien trop frais. Il faut être précise et réaliste, même lorsque l'on parle du temps.

D'un ton convaincu, j'ai rétorqué que l'automne était là et bien là. Immodeste, j'ai étalé ma culture en expliquant à mon amie ce qu'était le véritable été indien. Vaniteuse, j'ai même précisé que je l'avais connu ce fameux été indien. J'avais vingt-deux ans et c'était aux États-Unis. J'étais restée trois mois dans une île charmante au large du Massachusetts pour parfaire mon anglais.

Mais, n'eusse-je jamais connu l'été indien, je sais bien qu'il n'est pas là. On ne me trompera pas sur le temps qu'il fait. Le temps s'est mis au froid. Aujourd'hui, j'avais mes deux béquilles. Ceux qui me connaissent bien ont reçu le message cinq sur cinq : sortons les écharpes et allons couper du bois, l'hiver arrive.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,

J'entends bien que votre baromètre corporel vous indique la venue de l'hiver mais méanmoins cela semble un peu prématurépour aller s'ébattre et faire du ski de fond dans le massif montagneux derrière mon dos...

Seriez vous un peu frileuse, Anna ?

Anna a dit…

Quand mes vieilles douleurs se réveillent,
Que de jeune femme pétillante, je me transforme en handicapée rogomme,
Que je traîne la patte,

Qu'on se le dise, l'hiver arrive !

Je ne suis pas du tout frileuse. En moi coule cinquante pour cent de sang prussien. C'est vous dire !

Mais je n'aime pas le ski !

philippe psy a dit…

Chère et estimée lectrice,


Voilà quelques jours, que je me promettais de vous laisser un commentaire.

A défaut d'être, euh très élaboré, votre blog est joli et aérien !

Mais méfiez-vous, bientôt vous risquez de rattraper le mien, en terme d'incohérence éditoriale !

Si vous êtes toujours intéressée par GCM, hâtez-vous car il est sur un "un coup" !

Anna a dit…

Oh un commentaire de Philippe le Psy ! Comme je suis flattée !

Je passerai mettre un commentaire chez vous. Cette histoire de gerbille m'a donné des idées.