mercredi 17 octobre 2007

Seizième message.

J'ai déjeuné en coup de vent. Cette stupide météo m'a trahie. Sur l'Internet, ils annonçaient vingt degrés et du beau temps. Il fait gris et il pleuviote. Les feuilles des arbres jaunissent et commencent à tomber. J'ai glissé et failli tomber. Je pensais déjeuner en terrasse. Au lieu de quoi, j'ai mangé rapidement et suis rentrée.

J'ai travaillé sans conviction. Je rêvassais en accomplissant mécaniquement de menus travaux administratifs. Au bout d'une heure et demie de ce régime, j'en ai eu assez. J'ai pris un livre, mon sac et mon manteau et je suis sortie. Je suis allée prendre un café.

Il y avait peu de monde dans la salle. C'est un tout petit établissement. Un petit café de quartier sans prétention. Un homme d'âge moyen lit le Parisien au bar. Dans la salle, deux femmes d'âge murs papotent en prenant un thé. Un peu à l'écart, une jeune femme en fauteuil roulant lit un livre.

Je l'ai déjà croisée à deux reprises. Cette fois encore, je n'arrive pas à détacher mon regard d'elle. J'essaie d'être discrète. Je n'aimerais pas qu'elle imagine que je la dévisage comme une bête curieuse. Elle a un visage aux traits irréguliers mais de jolis yeux. Ses jambes atrophiées semblent aussi fragiles et épaisses que des allumettes. Ce n'est pas joli mais cela me touche. Je me mets à imaginer sa vie. Je fais un film à l'eau de rose. C'est bête et cela me ravit. Un jour, j'aurais le courage de lui parler.

Je ne sais pas pourquoi mais les gens en béquilles ou en fauteuil roulant m'ont toujours fascinée. Ce n'est pas du voyeurisme. Non, je crois que ces personnes me font littéralement fondre. Habituellement froide, distante et réservée, mes défenses naturelles cèdent face au malheur d'autrui. J'aurais du être infirmière, kinésithérapeute ou je ne sais quoi d'autre. Je suis douce et maternelle. Je suis d'ailleurs très collante. Mais je me domine et me modère. On m'imagine plus dure que je ne suis.

C'est amusant quand j'y pense. Pour me séduire, un homme a plus de chance en ayant une jambe cassée et des béquilles, qu'une belle voiture. Je suis étrange ! Mais qui ne l'est pas ?

8 commentaires:

Alexis a dit…

C'est amusant de comparer des moyens de locomotion sur le plan de la séduction. Surtout aujourd'hui. Et quid d'un homme à entorse avec une belle voiture?

Anna a dit…

Ah pourquoi pas ? C'est la quintessence dans ce cas-là.

S'il porte un joli plâtre, c'est sympa. J'adore écrire sur les plâtres depuis le collège.

Anonyme a dit…

J'ai rien de cassé en ce moment, mais j'ai une longue balafre au bras... ça fera l'affaire? :D

Plus sérieusement, ce que vous écrivais est asser commun; bah oui, la plupart des gens on se genre de réactions émotionnelles, mais ils les blindent... et ils ont bien raison d'ailleurs. C'est déjà pas facile pour les handicapés. C'est pas la peine de leur rappeler leur condition avec de la pitié.

Anonyme a dit…

C'est votre côté Florence Nightingale qui resort je pense.

Anonyme a dit…

Désolé pour les fautes, j'étais un peu fatigué...

Alexis a dit…

Hélas on plâtre de moins en moins les entorses. Même lorsqu'elles touchent la hanche, le genou et la cheville simultanément.

Anna a dit…

Romain : Je ne parlais pas de pitié ! Pas du tout mais de compassion. Et de rien d'autre.

Je sais me tenir et être délicate.

Alexis : Dommage qu'on plâtre moins les entorses alors.

Anonyme a dit…

J'ai une voiture pourrie ; j'ai mes chances ?