samedi 8 novembre 2008

Cent-quinzième message.



Je n'ai jamais lu beaucoup lu la presse. J'étais étudiante en lettres classiques. Ce n'est pas une formation qui y prédispose. Pourtant, beaucoup de mes camarades d'université lisaient le journal. Je me souviens même qu'ils avaient des idées sur à peu près tout les domaines.

Moi, je m'en moquais allègrement. J'ai pris très tôt conscience que j'allais mourir un jour. Aussi, n'ai-je pas envie d'encombrer mon esprit avec tout un tas de choses futiles. Je n'ai donc jamais lu la presse ou presque.

Etant d'un naturel assez rêveur, je n'ai pas besoin d'information extérieures pour vivre. Je m'autosuffis. Sans doute qu'au XIX ième siècle, on aurait pu me croire atteinte de maladie de langueur.

Médicalement, on définit la langueur comme étant une diminution lente des forces physiques ou morales entrainant la mort. La langueur serait aussi une sorte de mélancolie., entrainant un état d'abattement Enfin, on peut aussi définir la langueur comme une sorte d'attitude rêveuse et d'abandon.

Rares sont les gens qui me connaissent. Aussi m'imaginait-on souvent sous les traits d'une Marguerite Gautier. Ma réserve naturelle et mon éloignement du monde donnaient à penser que j'aurais pu être comme elle, dans les affres d'une agonie sans fin.

Le fait que je sois petite et menue y a sans doute été pour beaucoup. Les gens se font des idées de nous. Contre toute attente, j'étais presque la phtisique, atteinte de maladie de langueur, se consumant comme une chandelle.

Je crois que mes professeurs avaient cette même idée de moi. Lorsqu'en de rares occasions, j'eus à m'entretenir en privé avec eux, leur attitude fut souvent la même. Ils me regardaient en clignant des yeux, les écarquillant parfois, me parlant d'une voix calme et posée à l'excès, comme si un seul mot trop fort aurait pu me blesser.

Eussè-je été légère que j'en aurais pris un pour amant. Je me souviens que l'un d'eux me regardait souvent. Mais dès que mon regard croisait le sien, il détournait les yeux, gêné. C'était drôle et pathétique à la fois, que de voir ce professeur ayant vingt ans de plus que moi , portant encore beau, baisser les yeux.

J'aurais été sa muse, son égérie, sans doute que ma seule présence lui aurait donné matière à écrire plusieurs romans à succès. J'espère que ma reséerve, cette distance que j'ai toujours tenue entre lui et moi, l'auront tout de même amener à versifier en secret.

Je n'ai jamais eu de nouvelles de ce professeur. Mais, il ne me déplairait pas qu'à sa mort on découvrit chez lui quelques cahiers noircis secrètement autant que fébrilement. Je serais alors uen vieille dame mais je rirais sous cape en entendant quelque érudit s'interroger sur la personne qui aurait pu ainsi inspirer ces vers fabuleux intitulés : Stances à Anna.

Personne ne se douterait jamais que je fus la demoiselle du Maine d'un Lingendes contemporain. Se prenant pour Zéphyr, en songes, il aurait fait de moi sa Chloris, me conservant à jamais dans l'éclat de ma jeunesse et m'offrant l'empire des fleurs.

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