jeudi 21 février 2008

Cinquante-neuvième message !


Aujourd'hui il fait doux mais il pleut. Autant vous dire que je reste chez moi. Aucune envie de mouiller mes jolis orteils nus, pas plus que de glisser avec mes béquilles sur les trottoirs mouillés. Je ne souhaite pas me casser la jambe gauche, la droite me suffit.

Bon, ceci dit si cela m'arrivait je pourrais bénéficier d'un joli fauteuil roulant. Quand j'étais petite, les gens en fauteuil roulant me fascinaient. Je ne saurais pas dire pourquoi. D'ailleurs cela a perduré. Je suis un peu bizarre parfois.

Une fois, j'en avais parlé à une amie. Fière de son DESS de psychologie clinique nouvellement acquis, elle pensait pouvoir tout expliquer. Elle m'avait expliqué que mon attirance était en fait une projection. C'est à dire que je me rêvais moi-même en fauteuil roulant. D'après elle c'était l'aveu inconscient de mon incapacité à aller de l'avant, à avancer, à marcher !

Mon incapacité à marcher carrément ! Cette amie donnait dans la symbolique à cette époque. Depuis, elle a changé son fusil d'épaule puisqu'elle travaille dans le recrutement. Toutefois, je crois que son analyse n'était pas entièrement fausse. Maladroite, trop définitive mais intelligente, son analyse m'avait un peu été choquée sur le moment.

Pourtant, il y avait du vrai. C'est vrai qu'en croisant ces personnes, je m'imaginais à leur place. J'imagine ce que cela peut avoir de monstrueux pour une personne qui me lit. Je ne suis pas assez stupide pour ignorer la souffrance des paraplégiques ni pour les envier.

Non, je crois que j'aurais simplement eu envie de m'asseoir, de me faire plaindre, de ne pas bouger, de me faire pousser et de m'abandonner. J'ai souvent mis cela sur mon côté rêveur et indolent. Ne rien faire, lire, se laisser aller à des rêveries sans fin. Ces pensées curieuses intervenaient dans les moments de tension, comme si cela me permettait de "décrocher", de "lâcher prise", comme l'on dit actuellement. Je m'abandonnais à ces scénarios curieux dont j'étais la malheureuse héroïne.

C'est une idée qui m'a quittée mais qui revient parfois. C'est amusant parfois de se laisser aller à ces rêveries, à la délectation morose de moments étranges. Je me connais bien et cela ne m'étonne pas. Je suis ainsi, aussi dure que l'acier et aussi évanescente que la rosée du petit matin. Et je le vis très bien.

3 commentaires:

Unknown a dit…

J'ai tout lu, d'une traite et avec délectation. Pourtant, je ne m'intéresse pas aux blogs. Je crois que c'est parce que c'est élégant, fin et fluide.
Et puis je me suis parfois reconnu, sauf pour les sandales, et j'aurais aimé pouvoir me raconter avec autant de style.

Anonyme a dit…

Très mignon tout ça. Bravo à vous.
(Je ne suis pas un lecteur assidu mais suis de passage grâce à un lien sur le Grand Charles).

philippe psy a dit…

Votre message est très joli et vos réflexions aussi amusantes qu'empreintes de bon sens. Ce que vous ressentez est finalement assez courant. C'est sans doute une manière d'avouer sa vulnérabilité sans vouloir la montrer. Méfiez-vous l'orgueil vous perdra ! Prenez exemple sur moi et devenez humble !

Ah, je rajoute que vous avez choqué El Gringo lorsque vous avez répondu à son commentaire dans votre article précédent. Il est persuadé que vous l'avez jugé "lourd" parce qu'il n'a pas vu vos smileys. Méfiez-vous, El Gringo malgré sa tête de tueur tchètchène est un garçon sensible.