mercredi 6 février 2008

Quarante-quatrième message !


Deux ou trois commentaires ont fait référence au fait que j'aie dit que j'étais une habituée des béquilles.

Il se trouve qu'alors âgée de quinze ans, j'ai été victime d'un accident de voiture. Grièvement blessée et faisant donc partie des statistiques, je souffrais de fractures des jambes, du bassin, et du bras droit. A cela s'ajoutaient quelques désordres intérieurs que je ne mentionnerait pas.

Mes lecteurs ayant un grand sens de l'humour seraient tentés de dire "Et la tête alouette ?". Non, je les rassure, ma tête n'a rien eu. Quant aux admirateurs de Coluche qui me demanderaient si il n'aurait pas été préférable de me couler dans un bac de plâtre, je leurs répondrai que cette solution ne fut pas suivie par les médecins.

On me plâtra certes mais on me mit aussi différentes broches, plaques et vis pour tenter de remettre en place les pièces du puzzle que j'étais devenue. Je passerai aussi sous silence la douleur et l'angoisse de la situation. En effet durant quelques semaines, on envisagea de m'amputer de ma jambe droite. Je sais que les prothèses ont fait beaucoup de progrès, mais je rends grâce à Dieu d'avoir conservé ma papatte.

Certes, elle est un peu plus courte que l'autre, fonctionne moins bien dans la mesure ou mes articulations ont beaucoup perdu en souplesse et en amplitude, est abimée par des cicatrices, me fait très mal lors des changements de temps, m'occasionne une claudication prononcée, mais c'est ma jambe à moi et elle vaudra toujours plus que le plus merveilleux produit de chez Otto Bock.

Après avoir été successivement en hoîtal puis en centre de rééducation, je fus rendue à la vie civile. Je pus quitter mon fauteuil roulant pour remarcher convenablement même si je gardai les béquilles durant pas mal de temps. Et il m'arrive encore, au grès du temps, des douleurs, et peut-être de mon humeur, de prendre une ou deux béquilles à certaines périodes pour mieux marcher et être moins fatiguée.

Je suis donc handicapée. Qu'ai-je à en dire aujourd'hui ? Jamais je ne dirai que c'est une chance et il ne me viendrait jamais à l'idée de souhaiter cela même à mon pire ennemi. Par contre, comme j'aime positiver, il me vient parfois en tête que si je n'avais pas connu cette épreuve j'aurais pu devenir une autre femme.

Il est bien connu que les petits blondes sont les pires pestes qui soient. Je l'ai souvent entendu rire. Du fait de mes épreuves et de mon handicap, il me semble que j'ai peut-être acquis une humanité qui aurait pu me faire défaut si la vie ne m'avait pas proposé de changer ce 7 mai 1998.

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