mardi 26 février 2008

Soixante-huitième message !


Largement plébiscitée par quelques lecteurs, je garderai pour le moment cette simple numérotation de mes messages. Les titres viendront ultérieurement. Parce que j'ai très envie de mettre des titres. C'est même un désir brûlant que de mettre des titres.

Le temps doux mais maussade me contraint à rester chez moi. J'aurais pu sortir mais je n'en ai pas eu envie. Il pleut et j'ai besoin de mes mains pour mes jolies béquilles. Dans l'impossibilité de tenir un parapluie, il me restait la capuche. Mais je n'aime pas les capuches, je trouve qu'on a l'air idiot avec cela sur la tête.

Ma femme de ménage a fait les courses et je n'ai rien à acheter. Je tourne en rond chez moi, ce qui veut dire que dans les faits je suis assise sur mon canapé, la jambe plâtrée allongée et que je lis mollement un livre que je n'arrive pas à finir. Moi qui ne lis jamais la presse, un peu désœuvrée je décide de lire les blogs que j'affectionne. Cela faisait un certain temps que je ne l'avais pas fait. Mon fidèle Mac Book ouvre sa petite fenêtre sur le monde et me permet de sortir sans me mouiller.

Je suis flattée d'être citée par le rédacteur des Enfants de la zone grise. J'aime beaucoup la délectation morose de jeune homme que l'on croirait revenu de tout. A le lire, il n'y a plus d'espoir. Il faut simplement attendre, non pas une chute extraordinaire du pays mais un simple pourrissement qui ne produira rien. A l'instar de mouches se posant sur un organisme corrompu par mille et une petites bactéries nécrophages, nous vivrions sur un cadavre. Ainsi, les rebondissements politiques actuels ne seraient dus qu'au travail des gaz de putréfaction.

Je me demande ce qu'a fait ou vécu ce jeune réacteur pour être ainsi désabusé. J'imagine que tous les idéalistes un peu immatures sombrent tôt ou tard dans ce pessimisme stirnerien. La vérité n'était pas aussi belle que l'idée qu'ils adoraient. Véritables ou mentales, il ne faut jamais adorer d'images : elles sont trompeuses et ne sont que l'une représentation du monde.

Il y a du Céline chez ce rédacteur. Mais tandis que Céline tend à se venger du réel qui l'a trompé, alors qu'il s'est trompé tout seul, notre cher rédacteur est mis KO debout. Il s'écroule net et jure qu'on ne l'y reprendra pas. On le sent tellement esthète dans ses propos qu'effectivement, le combat ne semble pas fait pour lui.

Quoique j'en dise, j'adore son blog pour son style inimitable. Tandis que tous les autres éructent, s'énervent, montrent qu'ils voudraient en découdre, lui n'y croit plus. C'est assez plaisant à lire. Pas de rodomontades stupides, de manifestation de testostérone, notre ami aligne juste des réflexions d'un Droopy contemplatif.

Par contre, même si je suis honorée d'avoir été citée par ce rédacteur de talent, je voudrais atténuer ses propos. En effet, il me cite comme étant"une fille bien comme il faut qui écrit un blog girly". Si je ne puis nier que je sois "bien comme il faut", encore que je sois plus une "jeune femme" qu'une "jeune fille", je désapprouve totalement le terme "girly".

Certes présentée comme une girl on me rétorquera que mon blog ne peut-être que girly. Toutefois, bien que n'ayant pas trouvé de définition cohérente et satisfaisante du terme "girly", ce que j'en pressens ne me plait guère.

Pour moi, est "girly" ce qui s'apparente aux "filles". C'est une évidence. Mais je crois distinguer dans ce terme "girly" des relents de vieilles petites filles hystériques mièvres et minaudantes. Des sortes de précieuses ridicules que chaque époque produit.

Je ne suis donc pas du tout girly. Certes, je peux jouer les "nunuches" et ne m'en prive guère. Je peux même feindre la naïveté. C'est même parfois amusant. De là être girly, il y a un pas, que dis-je un gouffre immense que je ne franchirai pas. Partagée entre des occupations typiquement féminines (sacs à mains, chaussures, vernis, parfums, vêtements, etc.) et des passions hautement intellectuelles, il me semble que je puisse jouer aussi bien dans les aigüs que dans les graves ou les médiums.

Donc n'en déplaise à notre ami qui se dit "National-Anarchiste", non je ne suis pas girly et mon blog n'est pas non plus girly. Le jour où je vous expliquerai comment séduire un mec, lui prendre tout son argent et le plaquer en dix leçons, je serai véritablement girly. De même, si dans un proche avenir, je tentais d'expliquer à mes lectrices comment porter une minijupe de manière ultrasexy en préservant la bienséance, je deviendrais girly. Si un jour je vous raconte que j'ai hurlé de joie en voyant la collection croisière de tel ou tel couturier, je serai sans doute girly. Mais jusqu'à présent, je n'ai pas encore eu l'ambition de rédiger des articles sur ces sujets.

Il me semble que le style girly est issu d'une alliance entre fausse candeur et racolage outrancier prenant la forme d'un comportement de séduction inadapté, persistant et pénible. Je n'ai rien de cela. Est une girly celle qui s'étonne de ce qui ne devrait pourtant pas étonner. La girly s'enthousiasme d'un rien tandis que ceux qui me connaissent me jugent même extrêmement réservée. Je ne pense donc pas être girly n'en déplaise à mon nouveau lecteur.

Ceci dit ses jugements semblent souvent éronnés. Ainsi, il imagine lui-même passer pour le "salaud de ces dames" et c'est encore raté. Son côté bougon revenu de tout, ses plaintes de grand blessé de la vie et son air triste de cocker neurasthénique sont bien trop mignons pour ne pas le rendre attachant et plutôt amusant. Sa manière de se plaindre sans cesse et de s'abandonner aux coups du sort sont finalement tellement girly que c'est attendrissant.

A défaut d'être girly, il doit y avoir une infirmière qui sommeille en moi. D'ailleurs peut-être que je préfère les hommes un peu girly que ceux possédant trop de mâle assurance.

6 commentaires:

Laurence a dit…

Il m'arrive également d'aller lire Les Enfants de la zone grise. Tout en appréciant ses propos, je ressens bien souvent une sorte de malaise et ne peux m'empêcher de penser que le rédacteur de ce blog a un look gothique, voire Tokyo Hotel.

Une chose est sûre : son désabusement assez théâtral semble tel que je le trouve bien plus petite chose et "girly" que ton blog ;))

Frollo a dit…

Chère Anna...

Une chose me passionne dans votre blog... Vous passez une très large partie de votre temps à dire ce que vous n'êtes pas ( girly , nunuche , etc ). Cette description de vous meme engendre les mêmes impressions que celles que l'on ressent en regardant le négatif d'une photo... A moins que la seule chose dont vous soyez sure à 100 % soit le fait que vous ayez des orteils sexy...?
Votre dévoué frollo

Anna a dit…

@Laurence : excellent,j'en ris encore :)Le pauvre !

@Frollo : j'ai pu parler de moi positivement aussi en affirmant plein de choses et notamment que j'avais du caractère. Donc j'ai des orteils sexy ET du caractère !

philippe psy a dit…

Bel article plein d'humour. Je suis allé voir votre classement sur technorati et j'ai constaté que vous aviez fait un bond spectaculaire.

Normal, votre blog est excellent même s'il est un peu "girly" tout de même. Stop, ne vous défendez pas, ce serait vain. C'est un peu "girly", je vous l'assure.

Anonyme a dit…

Du rimmel et une teinture... J'y réfléchirai. Une marque à me conseiller ? Ah non merde, c'est pas l'endroit pour demander ce genre de tuyaux.

Talent Search a dit…

cool les photos!

Talent Search Engine