jeudi 7 février 2008

Quarante-septième message !


Nul ne peut me dénier que je sois une brave petite catholique. Baptême, "petite" communion dite aussi communion "privée", profession de foi et confirmation : j'ai reçu tous les sacrements possibles pour le moment. Je n'attends plus que le mariage qui tarde et l'extrême onction que je souhaite voir arriver le plus tard possible. Je pourrais aussi rajouter que ma famille compte de nombreux religieux. Autant vous dire que je suis une vraie catholique.

Pourtant à la lecture de blogs catholiques, j'ai conscience d'être aussi une terrible pécheresse. Je suis même persuadée que certains rédacteurs seraient prêts à me lapider pour ce que je vais dire. Oui, car je suis pour la contraception et l'avortement.

Alors, j'imagine que la contraception est suffisamment rentrée dans les moeurs pour que ma prise de position ne me vaille tout au plus qu'un froncement de sourcil. Après tout, je connais suffisamment dans mon cher septième arrondissement de catholiques pratiquants qui utilisent la méthode Billings pour contrôler les naissances.

Mes chères petites condisciples arborant fièrement serre-têtes et mocassins n'ont tout de même pas envie de choisir entre l'activité sexuelle et les enfants. Quoiqu'à la vérité certaines pourraient sans doute fort bien de passer de sexe mais elles auraient peur que leurs époux renouent avec la fréquentation des prostituées ou le troussage de jeunes soubrettes délurées.

C'est ainsi que plutôt que la pilule elles ont décidé d'analyser leur glaire cervicale. Pour plus de renseignements, merci de vous référer à cette page. Je vous avoue ne pas trouver la méthode suffisamment ragoutante pour m'étendre sur le sujet. Alors certes la méthode n'est pas contraceptive mais elle est tout de même le moyen de contrôler les naissances et donc de contrecarrer les projets divins. N'est-ce pas de la tartufferie ?

En ce qui concerne l'avortement, ma position est radicale. Je suis pour. Certes l'enfant se fait à deux. Mais l'expérience prouve que jusqu'à preuve du contraire, il se développe tout de même dans nos utérus à nous. Certes on pourrait m'objecter que l'utérus en tant que moyen de perpétuer l'espèce humaine appartient de ce fait à l'humanité. Et donc, que diraient les hommes si je voulais transformer leurs testicules en choses publiques ?

Ainsi, je serai radicale et j'affirmerai : à chacun ses organes. Et comme le clamaient les gauchistes d'une autre époque, je reste moi aussi persuadée que nos corps nous appartiennent. Mon utérus est à moi, tout comme ce qui s'y passe.

Ils nous appartiennent d'autant plus qu'en cas de naissance non désirée, les jeunes ou vieux messieurs avaient la fâcheuse habitude ficher le camp sans pour une fois revendiquer un quelconque droit de propriété sur l'enfant à venir. Défendre l'enfant en tant qu'entité désincarnée ne sera jamais la même chose qu'endosser la paternité en cas de grossesse.

L'enfant est certes le résultat d'une fabuleuse mécanique biologique mais ce devrait être aussi le désir d'un couple sur de son choix. Tant pis ce "projet parental" a des relents socialistes, moi je le trouve juste.

On voudrait aujourd'hui protéger celles qu'on appelaient les "filles mères" en leur donnant les moyens d'élever ces enfants non désirés. Comme c'est étrange, sachant qu'à l'époque où l'avortement était pénalement réprimé, ces mêmes demoiselles subissaient l'opprobre de ceux qui veulent aujourd'hui les protéger d'un possible infanticide.

Les femmes sont donc toujours coupables et on oublie que l'enfant non désiré a été fait à deux. Curieusement, le rôle du géniteur n'est jamais abordé, seule la génitrice est sous le feu des projecteurs. Le mâle mu par ses pulsions sexuelles qu'on a toujours excusées, semble bien furtif dans ce débat. Je trouve donc bien curieux que ces chers catholiques pratiquants qui hier lapidaient la fille mère, lui témoignent aujourd'hui tant d'attentions.

Il me semble que si hier ils avaient fait preuve de plus de charité et de compréhension, aujourd'hui l'avortement n'aurait pas pris de telles proportions. Qu'ils comprennent que des femmes préfèrent aujourd'hui endurer la culpabilité d'un avortement que le dégout que les bien-pensants leurs manifestèrent hier. D'ailleurs dans l'écrasante majorité des cas d'avortements que j'ai eu à connaitre, les messieurs étaient plutôt satisfaits que leurs compagnes avortent. Et pas un ne les a accompagnées à l'hôpital le jour fatidique.

L'avortement signe peut-être dans certains cas l'immaturité de certaines femmes, mais je reste persuadée qu'il est aussi et surtout le signe de l'irresponsabilité persistantes des hommes face à leurs devoirs.

Et puis je n'aime pas ces professeurs de morale. Peut-être suis je boiteuse d'un pied dans ma conception du catholicisme. Mais et alors ? Peut-être qu'eux qui croient marcher droit ne le font que parce qu'ils sont boiteux des deux pieds ?

7 commentaires:

philippe psy a dit…

Très joli texte ! Sous des dehors légers, vous allumez bien chère Anna ! Bravo, je n'aurais pas mieux fait.

Enfin si, sans doute que j'aurais mieux fait mais je ne le dis pas par pure courtoisie ! Et puis bon, je suis un homme alors je n'ai pas de mérite !

Non, sincèrement j'ai grandement apprécié votre analyse. Peu de mots et beaucoup d'idées, c'est l'inverse sur mon blog ! :))

Anonyme a dit…

Puis-je poser une question impertinente ? Evidemment quiconque commence ainsi c'est qu'il meurt d'envie de la balancer. Donc la voici :

Quand vous n'étiez pas trop occupée à aller dans tous ses cérémonies religieuses, visiblement plus pour faire plaisir à la famille, est-ce que vous vous êtes déjà intéressée à la théologie catholique et du pourquoi de telle ou telle position ? Essayez un jour ou l'autre, vous verrez qu'on a affaire à tout sauf des arguments d'autorités.
Je dis ça, hein, c'est que j'ai exactement fais le chemin contraire en évitant presque toutes les cérémonies dès mon enfance pour ensuite plus tard m'intéresser aux textes.


Et pour rester dans la pinaillerie votre corps ne vous appartiens pas, il est vous. Posséder ce n'est pas être soi. On peut quand même se demander que vient faire l'argument de propriété s'agissant de vies humaines. C'est de plus se tirer une balle dans le pied quand on ajoute après le discours "le géniteur n'est jamais responsable de rien lui !". Forcément puisque l'on glose à nous expliquer que non, décidément, c'est à la femme de décider de son propre corps.

Enfin bref, essayez de dépasser la radicalité de votre opinion.

Anna a dit…

Cher Thomas.s

Oui je me suis intéressée à la théologie catholique, rassurez-vous, je ne suis pas gourde à ce point.

Quant au reste, dussè-je rester une pécheresse, je m'en entretiendrai avec mon Créateur et non avec un individu pusillanime auquel je ne reconnais aucune autorité.

Vous me parlez théologie et je vous parle de rapports entre hommes et femmes. Soit vous m'aurez mal lue, soit vous vouliez ramener le débat où je ne le souhaite pas.

Souvenez-vous que le Christ s'est incarné.

Anonyme a dit…

Ca tombe bien car dans le rapport entre un homme et une femme il y a consentement mutuel et une responsabilité partagée par l'un et par l'autre. Tout ce qui permet de douter du droit de tuer d'un foetus/embryon, par définition innocent de sa propre situation. Le message de l'Eglise c'est aussi et surtout celui de s'inquiéter des droits de ceux qu'on ne voient pas où qu'on aime par trop négligés.

Souvenez-vous plutôt que l'Eglise se fonde sur la foi et le raison d'où découlent les droits naturels de chaque être humain. C'est ça comprendre le catholicisme, pas de savoir réciter la bible.

Anna a dit…

Cher Thomas,

Si je puis me revendiquer Catholique, je crois que je ne serai jamais "calotinne".

Vos arguments ne me touchent pas. Pire, ils me laissent froide.

Peut-être que votre manière de vous adresser à moi, comme on parlerait à une enfant un peu sotte, doit y être pour quelque chose ?

Je persiste et signe encore. Je ne suis responsable que devant mon Créateur.

Je trouve l'Eglise aussi magnifique qu'elle peut être décevante. Que voulez-vous, je ne la blâme pas, elle est aussi humaine que moi.

Anonyme a dit…

Tout à fait d'accord.
C'est pourquoi aprés avoir eu un enfant (désiré) je me suis fait vasectomiser (et je ne l'ai pas regretté).
Signé : un homme qui a su prendre ses responsabilités!

Anonyme a dit…

Gaffe aux grenouilles et crapauds de bénitiers...