samedi 23 février 2008

Soixante-troisième message !


Après avoir écrit le message précédent, j'ai vaqué à mes petits occupations. Je suis même allée voir une amie.Cette dernière me proposait de me rendre visite afin de ne pas me fatiguer mais je n'ai pas voulu. Prendre l'air fait du bien et la marche en béquilles reste le seul sport que je pratique.

En rentrant, je me suis arrêtée pour lire un peu dans ma brasserie favorite. Ou plutôt à la terrasse de ma brasserie favorite, puisqu'étant fumeuse, je suis maintenant assimilée à une chienne que l'on doit laisser dehors. Je me console en me disant que je n'ai pas encore de laisse.

Sans raison je repensais à mon message précédent. Moi qui suis si prompte à me présenter en tant que libérale voici que cette idée m'effraie lorsque j'y suis confrontée. La liberté me ferait-elle peur ? A moins que je ne sois moins libérale que je ne l'imagine ? Je songeais à tout cela en pensant aux conditions de vie comparées entre la France et les Etats-unis.

Je crois que la différence majeure est que nous ne sommes pas un peuple de pionniers. Certains ont toujours soutenu que les émigrants étaient les pires habitants puisqu'ils n'avaient pas de quoi subsister dans leur propre pays. A l'inverse, d'autres sont persuadés que ceux qui émigraient étaient toujours les meilleurs parce qu'ils osaient prendre des risques.

Je pense que la seconde solution est plus juste. LesEtats-Unis sont un pays de pionniers, d'émigrants, de personnes qui ont préféré le risque d'une vie meilleure à la certitude de la misère. Il en ressort des comportements et des attentes bien différentes. Jusqu'à une date récente, les américains louaient notre qualité de vie.

Ils n'avaient aps tort. Il faisait finalement bon vivre en France. Sans trop travailler, ni prendre de risques, nous béféciions d'un niveau de vie fort agréable. Certes nous aurions pu être bien plsu riche mais à quel prix ! N'oublions jamais le proverbe allemand qui dit : "Wie Gott in Frankreich leben" (heureux comme Dieu en France).

Et oui malgré la toute puissance de leur industrie, il semblerait que Krupps et Bayer n'aient pas rendus nos voisins germaniques aussi heureux que nous. Est-ce une des raisons pour lesquelles ils n'eurent de cesse de vouloir rentrer chez nous sans y être invité ?

Je pense donc que je suis une libérale modérée. Quoique le terme ne me convienne pas. Non, j'aime la liberté plus que tout. Quoiqu'à la vérité, moi qui parlait de "chienne" tout à l'heure en expliquant qu'on me laissait en terrasse, j'aie peut-être un comportement un peu canin.

Comme les chiens, il y a sans doute une louve qui sommeille en moi. Une louve qui ressent l'appel de la forêt et de la chasse. Une louve avide de vivre sa nature prédatrice sans s'encombrer des clôtures que sont les règles souvent pénibles. Mais je dois admettre qu'après des siècles de domestication, je me suis assagie.

A l'instar de nos amis canins, je crois que j'apprécie aussi une bonne gamelle équilibrée servie à heure fixe. Une excellente gamelle qui m'économise l'énergie que réclamerait la chasse. Une gamelle certaine qui me préserve de rester le ventre vide si la chasse n'était pas fructueuse.

Cette gamelle, c'est le mode de vie français qui me la procure. Sans doute issu du bon vieux féodalisme, notre système est resté le même. Le droit de vote nous incite à penser que nous sommes libres. Je pense simplement que l'on peut juste de temps à autre changer de seigneur.

Peut-être que cela me convient finalement ? Peut-être n'ai-je pas d'autres horizons au bout de ma truffe que de trouver ma gamelle remplie à heure fixe avec un bon bol d'eau fraîche à côté ? Pourquoi pas ? De toute manière bancale comme je suis depuis l'âge de quinze ans, j'aurais été une louve condamnée à mourir de faim.

Je pense que le libéralisme auquel je fais référence, ces réformes que j'invoque de mes voeux, ne sont pas forcément le vrai libéralisme économique. Au risque de faire ricaner mes lecteurs, admettons que je sois une "chienne".

Je pense que je ne suis pas pour autant une "chienne de manchon", une de ces sortes de vilains rats tremblants tels que les affectionnent Paris Hilton. Non, moi j'aime encore courir, il me faut de l'espace. Je n'oserais pas dire que je pourrais être une "levrette" sous peine de mobiliser les plus bas instincts de mes lecteurs.

Bref vous l'aurez compris, je m'accommode d'une vie de canidé, mais il me faut de l'espace pour courir. Et je trouve que jour après jour, mon espace vital se réduit. On m'interdit d'aller ici puis là, tant et si bien que j'en serai réduite à être privée entièrement de liberté.

Alors certes je ne suis pas une louve et m'accommode bien de la niche. Mais si l'état mon maître veut que je lui sois fidèle, il faut qu'il m'offre bien plus de liberté pour m'ébattre. C'est je crois le sens du libéralisme que je revendique.

Sinon, je serais bien capable de lui fausser compagnie pour ne pas revenir. Surtout que depuis quelques années, je trouve que la gamelle n'est plus si bonne ni abondante.

3 commentaires:

philippe psy a dit…

Bel article amusant et superbement rédige. Mais j'arrête de vous complimenter ou vos chevilles vont enfler. Et ce serait bien dommage !

Welcome To Paradise a dit…

Bonjour Dame Anna,

Blog intime intéressant en effet que j'ai pu découvrir au hasard d'un post qui y faisait référence sur le blog du sieur Desouche.

« Mais si l'état mon maître veut que je lui sois fidèle, il faut qu'il m'offre bien plus de liberté pour m'ébattre. »

Question importante, essentielle de la liberté et aussi du rapport que les français entretiennent avec elle.

Mais j'ai la triste impression que les français, élevés au biberon républicain, au fond, ne l'aime pas la liberté. Ou plutôt, ils n'aiment pas les libertés essentielles dont ils se privent par le biais de leurs "représentants" (sic), la liberté d'expression quelque peu baillonnée en est un des exemples.

Dans le même temps, ils adorent charcuter, couper en quatre les libertés qui restent au nom de l'égalité de traitement...

Ainsi, fumeur comme vous, tout en étant hautement respectueux de la santé des autres, il ne me semblait pas que cette nouvelle charge contre les fumeurs était essentielle. Tout comme l'invasion des radars sur les routes ou, plus largement, l'inflation législative dans presque tout les domaines.

Longue vie à votre blog.

Anonyme a dit…

"Those who would give up Essential Liberty to purchase a little Temporary Safety, deserve neither Liberty nor Safety" (il semblerait que ce soit B Franklin qu l'ai dit)

C'etait vrai en 1760.

Ca l'est toujours.